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FROISSART

après vous avoir si longtemps attristés de ses misères. »

La reprise de nos conférences me permet aujourd’hui cette satisfaction d’esprit. Je vais donc m’acheminer, à la suite de l’ingénieux chroniqueur, vers cette noble et somptueuse cour d’Orthez, vers ce château de Moncade, tantôt rayonnant de l’éclat des fêtes, tantôt assombri par de terribles mystères. Mais pour cette nouvelle excursion dans le passé, dans un passé lointain, je ne me confie pas seulement à Froissart, je me confie aussi, et surtout, à votre bienveillance.

Nous avons, s’il vous en souvient, laissé le chroniqueur et le beau et sage chevalier, messire Espaing de Lion, sur la croupe des coteaux qui sépare le Bigorre du Béarn. Le paysage est triste, presque lugubre ; la lande fuit au loin avec ses monotones bruyères ; des taillis épais, mais souffreteux, couronnent les hauteurs ; pas un clocher, pas une tour à l’horizon ; partant, aucun de ces points d’interrogation habituels que les lieux traversés fournissaient à Froissart, et dont il savait si habilement se servir pour l’intérêt et la variété de ses récits.

Mais la contrée ne disant rien, le chroniqueur n’était pas homme à profiter de l’exemple ; la causerie, puisque causerie il fallait, était donc naturellement ramenée sur monseigneur Gaston Phœbus, vicomte de Béarn.

Ce prince, vaillant capitaine, fin politique, habile administrateur, harmonieux troubadour,