Page:Souvenirs de campagne 1914-1915 de Louis Doisy.pdf/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

6 août : On y voit un peu plus clair, il arrive toujours du monde, mais il s’est aussi produit beaucoup de vides. Neuf escadrons ont été formés et sont partis, des éclaireurs d’infanterie dans la moitié de régiment du 1er  corps, des agents de liaison, escortes de généraux, etc.

Henri, moi et une quinzaine d’autres, presque tous gradés et riches commerçants ou industriels de la région, sommes affectés au 12e escadron et destinés à être interprètres anglais. La bonne blague, il sera impossible à Henri et à moi de le parler ou de le comprendre, nous sommes bien 4 ou 5 comme ça. On se décide à nous habiller, et le soir même nous embarquons.

7 août : Arrivée à Boulogne. Nous cantonnons dans un petit séminaire abandonné ouvert à tous les vents, dans de petites chambres où nous amenons de la paille. Nous y avons passé huit jours heureux en attendant Messieurs les Anglais. Rien à faire, on ne s’occupait pas de notre nourriture mais nous touchions 5 francs par jour, c’était donc intéressant.

Il faisait beau temps, promenades en ville, tramways gratuits, bains de mer ; enfin la vie heureuse. Seulement, il y avait deux points sombres dans notre horizon. D’abord, nous nous demandions toujours quelle conduite nous devions tenir à l’arrivée des Anglais, car on ne se décidait pas à connaître l’étendue de nos connaissances de la langue anglaise. Ensuite, plus grave, pas moyen de correspondre avec Noyelles, les lettres n’arrivaient pas. Nous aurions pourtant bien voulu les rassurer