Page:Souvenirs de campagne 1914-1915 de Louis Doisy.pdf/6

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foule grouillante, la moitié en pelisses. On couche où on peut, on rentre quand on veut, pas d’appels, contrôle impossible. On amène toujours des chevaux de réquisition.

Un escadron, le 11e, est en train de se former à l’effectif réglementaire, c’est le seul qui ait encore chance de participer à la guerre pour le moment. Je ne voudrais pas à mon âge rester au dépôt, que dirait-on de moi ? Et puis je veux jouer un rôle ! Je m’y fais donc inscrire avec Moreau et à titre de brigadier je choisis mon cheval que j’appelle Guillaume.

Nous passâmes ensuite 4 ou 5 jours à nous organiser, nous armer, harnacher, à faire connaissance avec nos chefs, nos hommes et nos chevaux. La plupart de ceux-ci n’avaient jamais été montés, mais bast ! en rendait tout de même. Le mien surtout était merveilleux, bâti en dur, bonne base, véritable cheval de guerre s’il eut été entraîné.

Sur ces entrefaites on libéra toutes les anciennes classes jusqu’en 1905 inclus ; Moreau qui en était partit donc, j’en fus marri, c’était le seul que je connus au 6e et nous étions déjà attachés.

J’eus aussi l’immense plaisir pendant cette courte période d’embrasser maman et Marie, venues spécialement à Lille pour me voir.

Vendredi 21 août : Cinq heures du soir. Brusquement le boute selle retentit. On crie le 11e escadron à cheval. Fiévreusement on fait le paquetage, vivres de réserve, cartouches, etc… ½ heure après nous