Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/97

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vais les dauber ! Et ce gueux de cuisinier ; failli Anglais, va, c’est moi qui vais te démolir ; oui, je vais t’avaler tout cru, pour t’apprendre à troubler mon ménage.

C’était comique de voir se démener un Rounfl si gros, si pesant qu’il ne pouvait quitter son fauteuil.

Rounflec’h, ogre méchant, attends un peu, mon chéri, tu seras servi tout à l’heure ; on va te chauffer un bouillon nouveau. Gros glouton ! hurle tant que tu voudras, appelle tes dogues, peine perdue, mon vieux ; tes dogues enragés sont déjà rendus si loin dans la forêt que l’on n’entend plus d’ici leurs hurlements. À ton tour, affreux baron du diable !

Alors, la mouche bleue fait entendre son vron vron dans la salle, et va taquiner l’ogre, en le piquant sur son nez dégoûtant. Il avait l’air d’un moulin à vent avec ses grands bras qu’il agitait furieusement pour abattre la guêpe ; mais la guêpe volait plus vite que ses bras ; et quand elle eut bien tourmenté ce fils du diable, elle lui creva les yeux en un instant. Le Rounfl, à bout de forces et de respiration, se mit à souffler comme un tonnerre ; il se leva en trébuchant de son fauteuil, fit deux ou trois tours sur lui-même et tomba enfin la tête la première sur les roches, où il demeura comme un bœuf assommé.

Tammik délivra Thurio de sa triste position. Thurio, il est