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le serf.

Moreau l’intendant était à leur tête, tenant le bâton noir à pomme d’argent.

— Où est Thomas Lerouge ? demanda-t-il au jeune garçon qui s’était découvert à sa vue.

— Ici, répondit Jehan.

— Et pourquoi a-t-il manqué à toutes les corvées de ce mois ?

— Parce que la fièvre le retenait au lit…

— Je sais, reprit l’intendant ; mais tu devais le remplacer, je t’en avais donné l’ordre.

— Et moi, je vous avais répondu que la chose était impossible, répliqua Jehan.

— Pourquoi cela ?

— Parce que mon père avait besoin de mes soins.

L’intendant devint rouge de colère.

— Fort bien, dit-il, ainsi tu es resté ici pour n’en point avoir le démenti, tu as voulu prouver que l’on pouvait se moquer des ordres de maître Moreau !

— Nullement, interrompit Jehan.

— Bon, bon, continua l’intendant en frappant la terre de sa canne ; nous verrons qui aura le dernier mot. Ah ! tu prétends résister à l’autorité de monseigneur !

— Je n’y pense point, dit le jeune garçon.

— Tu refuses d’obéir à ce que j’exige.

— Mais songez, maître…

— Rien ; je ne veux rien écouter. Ah ! le forestier avait raison de te regarder comme un vaurien impos-