Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/109

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rat pris au piège ! Par ce moyen, toute erreur et toute injustice devenait impossible ; l’examinateur avait atteint la perfection d’indifférence et d’impassibilité si longtemps poursuivie : ce n’était plus un homme avec ses ardeurs, ses inclinations, ses répugnances, mais une machine immuable comme la vérité. On ne choisissait pas les aspirants, on les blutait ; ici la fleur de froment, là le son grossier. Les professeurs n’avaient désormais à s’occuper des examens que pour toucher le prix du travail qu’ils ne faisaient plus.

Comme ils franchissaient la dernière porte du quartier universitaire, M. Atout montra un second établissement, d’une étendue presque égale, et destinée à l’instruction des jeunes filles. L’organisation était, à peu près, la même que dans celui des garçons ; mais les connaissances acquises y différaient essentiellement. La principale étude était celle de l’orgue expressif appliqué aux danses de caractère. Les élèves y consacraient sept heures par jour. Le reste du temps était employé aux leçons de minéralogie, d’architecture et d’anatomie. Il y avait, en outre, un cours d’orthographe une fois par semaine, et l’on cousait tous les mois.

Quant à la morale, elle était formulée dans un catéchisme, qui devait servir de règle de conduite aux jeunes filles, et qu’on leur faisait apprendre par cœur. Il y avait un chapitre pour la toilette, un chapitre pour les bals et les visites, un chapitre pour le mariage.

Demande. Une femme doit-elle désirer le mariage ?

Réponse. Oui, si elle peut être bien mariée.

Demande. Qu’est ce qu’une femme bien mariée ?

Réponse. C’est celle qui, ayant épousé un homme honorable, profite et jouit de sa position.