Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/251

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tenir des cartes d’abonnement perpétuel à tous les omnibus de la république, avec correspondance pour les cinq parties du monde.

Enfin, les derniers recevaient tous les matins, à domicile, une tasse de café au lait avec le petit verre de rhum ou de cognac.

Après avoir écouté les détails relatifs à cette entreprise littéraire, et exalté les services qu’elle allait rendre à la civilisation, M. Atout en vint enfin à ce qui l’amenait.

Prétorien tira aussitôt le cordon des sténographes au mot ACADÉMIE, et un papier plié en quatre tomba d’une des bouches de rédaction placées au-dessus de son bureau : c’était le résumé du Mémoire lu par le bibliophile.

M. Atout l’ouvrit et commença à l’examiner avec Maurice, qui l’arrêtait à chaque ligne pour quelque rectification. Prétorien, ravi, déclara qu’il fallait faire un article là-dessus ; cela amènerait du bruit, du scandale, et rien de plus sain pour un journal.

— Ne ménagez pas le bibliophile, ajouta-t-il résolument ; la vérité est toujours bonne à dire, quand elle fait gagner des abonnés. Il a d’ailleurs refusé d’être des nôtres, et qui n’est pas pour nous est contre nous. Il faut noyer dans le ridicule le Mémoire sur les Français du dix-neuvième siècle.

— Hein ? qu’est-ce que j’entends là ? s’écria Blaguefort, dont le visage venait de paraître à la porte entr’ouverte… Un moment, mes petits : peste ! on ne noie pas ainsi la marchandise des amis.

— La marchandise ! répéta Prétorien ; aurais-tu par hasard traité avec le bibliophile ?

— Pour ses cinq Mémoires.