Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tre chapeau ; cette prévision tient lieu d’indulgence, et si chacun tire d’un côté différent, c’est avec la modération d’un coursier de fiacre payé à l’heure.

— Alors, je comprends, dit Maurice ; vous êtes à l’abri des fièvres politiques, mais qui vous sauvera de l’indifférence ?

— Toujours la constitution, répondit M. Atout. Croyez-vous que nous en soyons au temps où l’on demandait aux électeurs de payer leurs députés ? Nous avons compris ce qu’une pareille prétention avait de décourageant pour le zèle électoral, et nous l’avons retournée. Aujourd’hui, c’est le député qui paye l’électeur ! Chaque nomination est soumise à la criée publique, les candidats présentent leurs soumissions, et la place reste au dernier enchérisseur. De cette manière, plus de pièges, plus d’intrigues ; chacun débat ses conditions et sait ce qu’il a. Aussi faut-il voir l’empressement des électeurs ! quelques-uns se sont fait porter mourants jusqu’aux urnes du scrutin pour déposer leurs votes et en recevoir le prix. Grand exemple de l’énergie de cette vie politique qu’entretiennent des institutions fondées sur le seul principe vraiment social, le dévouement à soi-même. Du reste, j’ai là sur moi la dernière circulaire de M. Banqman, qui vous fera apprécier, mieux que toutes mes explications, les avantages de notre système.

M. Atout chercha dans ses poches et en tira une large feuille imprimée qu’il remit à son hôte.

M. BANQMAN, CANDIDAT POUR LA DÉPUTATION,
Aux électeurs du quartier B
DE LA VILLE DE SANS-PAIR.
« Messieurs,

« Si j’avais obéi à mes goûts, vous ne me verriez point aujourd’hui solli-