Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/70

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d’abord une boîte dans laquelle arrivaient les lettres qui lui étaient adressées, et leur expliqua comment d’immenses conduits établissaient, au moyen du vide, cette distribution à domicile. Il leur ouvrit ensuite des robinets chargés de conduire partout l’eau, la lumière, le feu et l’air rafraîchi. Il indiqua les tuyaux destinés à l’arrivée des journaux, les fils électriques établissant une correspondance télégraphique aussi rapide que la pensée avec les fournisseurs du dehors ; les appareils panoptiques au moyen desquels la vue pouvait surmonter les obstacles et franchir toutes les distances.

Pendant cette exhibition, il s’était assuré de l’absence de madame Atout, et avait donné différents ordres, en touchant quelques ressorts. Le tintement d’une sonnette lui annonça bientôt que tout était prêt ; il fit passer ses hôtes dans la salle à manger, où le dîner se trouvait servi, et il les invita à prendre place.

Marthe et Maurice s’assirent, en regardant autour d’eux. Ils s’attendaient à voir paraître, à chaque instant, les gens de service ; mais l’académicien, qui devina leur pensée, sourit ; il se pencha de côté, appuya la main sur un bouton placé près de la table, et, immédiatement, tout ce qui la couvrait sembla s’animer ! Les bouteilles baissèrent, d’elles-mêmes, leurs goulots sur les verres ; la cuiller à potage remplit l’assiette de chaque convive ; le grand couteau fixé au manche du gigot commença à enlever des tranches que de petites brochettes plongeaient ensuite dans le réservoir à jus ; la pincette d’écaille exécuta une gigue dans la salade qu’elle foulait et retournait ; les poulardes, comme si elles eussent voulu prendre leur volée, étendirent, aux bords du plat, leurs membres aussi tôt saisis et découpés ; le poisson