Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/91

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milady se rappela le fils qu’elle avait en nourrice et déclara qu’elle voulait le voir.

Marthe appuya vivement sa demande, car l’instinct de mère avait devancé chez elle la maternité. La vue d’un enfant lui causait toujours une joie attendrie. Elle ne pouvait entendre ses frais gazouillements, sans s’approcher pour lui ouvrir les bras, et, à peine l’avait-elle pressé sur son cœur, qu’elle se sentait saisie d’une sorte de transport caressant. Elle l’appuyait à son épaule, posait une joue sur sa petite tête bouclée, le berçait en chantant, et si l’enfant, cédant à ses caresses, s’endormait, elle-même fermait bientôt les yeux, et, le cœur gonflé d’une joyeuse illusion, rêvait qu’elle était sa mère !

Que de fois cette hallucination l’avait subjuguée ! Que de fois elle avait vu, dans ces songes éveillés, toutes les fantaisies de son espérance se traduire en vivantes images !

Une enfant rêvée par Marthe

C’était d’abord l’enfant folâtre pendu à l’escarpolette des