Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/93

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Prends donc courage, ta tâche n’est point achevée, il y a encore des enfants pour lesquels il faut te dévouer, craindre, veiller ; et ceux-là, grand’mère, tu n’auras point à souffrir de leur abandon ; car lorsqu’ils seront des hommes, tu ne vivras plus ! Sainte et généreuse passion pour les petits ! que deviendrait sans elle la race humaine ? L’amour est passager, l’amitié se lasse ; à mesure que l’homme avance sous le poids de la vie, son cœur se tarit et se corrompt comme les eaux exposées à l’ardeur du midi ; seule, sa tendresse pour l’enfant reste immuable ; seule, elle entretient la source appauvrie du dévouement. Alors même que le calcul décide de tous nos sentiments, celui-là reste désintéressé ; pour lui nous acceptons les mécomptes, l’attente, les sacrifices. Les enfants n’assurent point seulement la continuité de la race humaine, ils sont aussi les conservateurs de ses instincts les plus précieux et les plus doux.

§ VII.

Maison d’allaitement. — Substitution de la vapeur à la maternité. — Lait de femme perfectionné. — Moyen de reconnaître les vocations. — Grand collège de Sans-Pair. — Programme pour le baccalauréat-ès-lettres. — Nouvelles méthodes d’enseignement. — Machine à examen. — Catéchisme des jeunes filles. — Pensionnat pour la production des phénomènes.

Ainsi rêvait Marthe, à la fois triste et joyeuse ; joyeuse par l’espoir du sacrifice, triste par la crainte de l’oubli !

Mais tandis qu’elle évoquait ce rêve entrecoupé, la ca-