Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/105

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favorise des habitudes. Toutes les injustices, toutes les insultes, toutes les obstructions furent bonnes pour soutenir cet idéal-là, ou les nécessités de la « gloire », concomitantes aux besoins du commerce. Bref, de quelque manière qu’on le prit, le symbolisme n’était pas un étrier, c’est pourquoi il manquait à tous ses devoirs envers la Vie, avec un grand V. Le jeune homme pressé était déçu ; le professeur d’arrivisme voyait diminuer son prestige…

Telle est la raison foncière, la raison psychologique qui explique des ententes si bizarres pour une hostilité si continue, sans cela inexplicable. Haro sur Pégase, dirent nos gens, la dangereuse monture qui n’a pas une bonne selle pratique, qui a, pour moins de sûreté encore, — des ailes !

Notre Pégase ne s’émut point. A cela deux causes : — i° l’idéal désintéressé ne dépend pas de notre volonté, ce sont les conditions mêmes de l’œuvre d’art qui le rendent particulièrement impérieux dans notre temps de personnalisme maladif, de réclames outrées, d’apparences et d’impudences. Toute œuvre qui aujourd’hui est le produit de l’idéal intéressé en porte la marque misérable ; — 2° en généralisant les « cadets », pour plus de commodité, nous savions que ces mauvais poètes étaient bruyants, mais peu nombreux, que de toutes parts d’autres cadets, humiliés des grosses manœuvres de leurs confrères, reconnaissaient avec la moisson de nos efforts les immenses domaines encore vides qui sont, par nous, à leur culture abandonnés.

Oui, plus les braillards s’agitent, plus une jeunesse constate qu’il a suffi aux symbolistes d’abattre quelques pans de murs pour que des horizons libres et infinis se découvrent. Elle constate que ceux qui ont compris avec enthousiasme