Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

développait, avec force délayages métaphysiques, ce qu’il s’empressa de dénigrer plus tard.

Que nous veut-il donc ? et quelle assurance tant de flottements lui donnent-ils contre nous ?

M. Mauclair accuse notre génération : i° de renier ses premières amours (Wagner, Ibsen,etc.) ; 2° de désavouer ses hardiesses et toutes formes nouvelles ; 30 de se soumettreauxplus vieilles contraintes de réaction ;4°d’installerle « nationalisme politique » en art ; 50 de tourner le dos à la vie (la vie pratique, les questions économiques, etc.) ; 6°de dédaigner l’action sociale ; 7 » d’ignorer tout, notamment la technique des arts connexes ; ; 8° de mépriser la science ;— ces accusations, embrouillées d’un salmigondis fantastique d’affirmations gratuites et de contradictions tellement grosses qu’on se demande, à lire le factum, si l’on n’est pas le dormeur éveillé…

Ce qu’il y a de plus incroyable est l’arbitraire des rapprochements : mais ce qu’il y a de plus prodigieux est l’erreur mauvaise, continue, absolue de ces vingt-cinq pages !

Point par point :

i° Il est clair que si l’on ne parle plus de Wagner ni d’Ibsen, c’est qu’ils sont assimilés. Nous n’avons plus à les aimer d’une façon extérieure à nous, nous les aimons en nous-mêmes ; ils font partie de notre chair, ils recomposent en nous une nouvelle substance. Notre curiosité de l’étranger n’en est pas amoindrie ; le prouve assez la vogue récente des musiciens russes et des écrivains Gorki, Tchekhov ; ou des Anglais, Kipling et Wells, pendant que Nietzsche, insuffisamment digéré, en est à la période suivante, intermédiaire entre l’émotion initiale et l’assimilation complète.