Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/114

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2°, 3° et 4° Où sont donc nos désaveux et quand donc ont paru des œuvres plus altières et plus renouvelées que celles qui sortent des mains quotidiennes de Maeterlinck, de Verhaeren, de Gide, de Merrill, de Fort, de Griffin, de Jammes, de Mockel, de Bataille, de Ghéon, etc., etc. ? Si Régnier et Moréas usent pour le moment d’une forme plus statique que dynamique, s’ils donnent le pas au caractère sur l’action, ce qui est certes admissible, ils n’en restent pas moins poétiquement des nôtres, en sachant découvrir dans le symbolisme même un filon classique que le classicisme ne connut pas. M. Mauclair ne veut pas voir que le symbolisme, dès l’origine, fut, sous certains rapports, em même temps qu’une refloraison lyrique contre le naturalisme, une renaissance classique contre le romantisme. Mallarmé, par la contraction, Verlaine, par le dépouillement, furent d’abord des classiques. Schwob, Gide, van Lerberghe sont des classiques. Tout cela n’a rien de commun avec l’académisme, et c’est par trop abuser de la polygraphie que de faire d’une « renaissance » une « réaction ».

La réaction n’est pas dans un goût plus scrupuleux, une étude plus approfondie des vieux maîtres pour reconnaître ce que nos pères ont laissé perdre, pour découvrir contre l’académisme des richesses toujours neuves, pour boire aux sources organiques d’un art ; la réaction est dans les formes traditionnelles les plus lâches, mises au service de redondantes plaidoiries sociologiques. Les réactionnaires sont nos petits Toulousains gonflés par la capitale, nos petites poétesses aux fièvres habiles, nos petits humanistes, benjamins de l’Académie.

Puis le « nationalisme politique », l’« esprit romain », le