Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/119

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artiste ; peinture, musique, etc., tout l’a passionnée. » Comment notre clerc à tant de passion accorde-t-il si peu de connaissance ? C’est ce qui lui serait peut-être difficile d’expliquer. Il veut ignorer que la peinture de V. G… vaut sans doute la sienne, et que le même V. G… fit un an de Conservatoire, juste pour se rendre compte des principes musicaux. Il ne veut pas savoir non plus que A. M… est un violoniste dont la qualité de son et la ferveur sont incomparables, ni que P. L… et A. G… sont de délicats pianistes, excellents déchiffreurs. Il lui plaît de ne pas se souvenir qu’un autre A. M… clôt chacun de ses volumes de poèmes des courtes pages d’un hymne en musique, etc., etc. Venir dire à une génération poétique, dont l’art, écarté le plus possible de toute littérature, se filie étroitement aux arts fraternels, qu’elle ne pénètre pas « grand’chose » de leurs principes est un de ces précieux tours de gobelets dont ne saurait trop nous réjouir la critiqtie amusante !… Il se trouve d’ailleurs qu’il n’est pas de plus fausse nécessité ni de plus dangereuse que celle de cette pénétration mutuelle lorsqu’elle est voulue, et qu’un artiste ainsi averti est obligé d’ignorer doublement dans son art ce qu’il connaît de ses voisins… Aussi bien, son ignorance n’importerait d’aucune façon pour la maîtrise comme pour l’étendue même de son art ; et si une nécessité s’impose aujourd’hui avant tout autre, c’est, devant les innombrables gâchages des touche-à-tout, qu’on soit exclusivement l’homme de son métier Mais le bavardage des mauvais clercs ne s’arrête pas pour si peu.

Maintenant on s’explique mal comment notre agronome et notre éleveur pourraient être étrangers « aux principes les plus simples de la chimie et de la zoologie », ni comment