Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/24

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lécher les bottes de MM. Zola, Gustave Charpentier et Rostand, ou même de tourner des compliments en vers au ministre de l’Instruction publique comme M. de Bouhélier. Oui, certes, nous sommes bien ridicules. Néanmoins, nous nous enorgueillissons d’avoir mis en lumière et porté sur les pavois de la gloire Villiers de l’Isle-Adam, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé et Léon Dierx. Nous n’attendons pas les gros tirages et les grosses recettes pour découvrir le génie. » La Plume, 15 janvier 1903).

Ce qui n’avait pas empêché la même revue d’avoir inscrit, le 15 juillet précédent, sous la signature de M. Paul Souchon :

« Il est évident que devant les productions qu’on lui présentait sous le nom de poésie le public ne pouvait que se détourner. Dans cette période, fâcheuse pour la littérature française, on a perdu le sens de la beauté en perdant le vers, on a mêlé des arts voisins qui n’eussent jamais dû se confondre, on a accumulé les erreurs etles ombres. On a vu des prosateurs avéres par la basse qualité de leur pensée s’intituler poètes, puisqu’il leur était permis de disposer ce qu’ils écrivaient en lignes inégales (l). Sous le couvert de la poésie une multitude d’émotions imparfaites, d’états d’âmes incomplets, de lueurs éphémères, de pensées bizarres et en formation s’est abattue sur le monde, troublant tout, décomposant le goût, tournant même autour du bon sens et menaçant la clarté française d’une nuit sans étoiles. »

Et l’année 1902 s’acheva sur le lever magnifique de l’Ecole des Somptuaires, qui proclamait :

« Il est beau de contempler les ruines des cités, mais il est beau de contempler les ruines des humains », dit Maldoror. Jamais phrase ne s’appliqua mieux qu’aux restes des écoles d’il y a vingt ans. »

Mais, à part le geste du mort Stuart Merrill rappelé plus