Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/29

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un tact exquis, une sympathie large qui ne se laisse jamais amoindrir par de faciles malices et par des sentiments personnels, atrabilaires et avantageux. Ah ! ce n’est pas Gautier qui se pique d’être « complet », serait-ce aux dépens des poètes d’abord, de la poésie ensuite ! Il sait qu’il rédige un rapport officiel et que l’argent de l’Etat n’est pas fait pour payer des mots satiriques sur des confrères dont on ne sait s’ils vous déplaisent parce que vous ne voulez pas les comprendre ou parce qu’ils ne daignent plus vous lire !

Plaignons M. Mendès de sa Critique alimentaire, selon le trait cinglant de M. Charles Maurras qui notait l’incroyable courtisanerie (puisque ce ne peut être une ironie inconvenante) des dernières lignes de la dédicace à M. Georges Leygues :

« Telle qu’elle est devenue enfin, j’ai l’honneur de vous soumettre mon œuvre. J’y ai employé, à défaut de talent, toute ma capacité d’intelligence, de probité, d’effort, et très ambitieusement, j’en espère une double récompense ; il me serait moins précieux qu’eth fût agréée par le ministre de V Instruction publique et des Beaux-Arts, si elle n’était approuvée par l’auteur du Coffret Brisé et de la Lyre d’Airain. »

Et nous savons par M. de Bouhélier qu’il faut « apprécier les témoignages » de M. Maurras, même sans doute s’ils sont médiocrement favorables à son « charmant maître »…

… Ainsi passa encore l’année 1903 sans même un frémissement de nos cadavres ; malgré tous les glas et toutes les pelletées de M. Mendès, plus que jamais les morts gardaient un implacable silence.

Avec 1904, les glas retentissant toujours, s’espacent. Rien