Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/41

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« Il y a deux manières essentiellement en art, dont l’une consiste dans l’expression directe et dont l’autre procède par symboles. Un symbole est une image que l’on peut employer pour la représentation d’une idée, grâce à de secrètes condescendances dont on ne saurait rendre compte analytiquement.

« La valeur expressive du symbole est dans une certaine mesure mystérieuse… L’art est réaliste ou symboliste.

(La Poésie Nouvelle).

De M. Georges Pellissier, cette page excellente pour le grand public et trop peu connue :

« Comment caractériser la conception que le Symbolisme se forme de la poésie ? Telle qu’il l’entend, la poésie a pour objet, non pas de reproduire avec précision des formes déterminées, mais d’évoquer « l’âme des choses ». En face d’un paysage, le Parnassien rendra par des termes aussi justes, aussi nets que possible, tout ce que perçoit son œil ; le Symboliste, découvrant sous les apparences sensibles ce qu’elles recèlent de latent, traduira la « correspondance » de ce paysage avec son âme, car l’âme des choses, à vrai dire, c’est l’âme même du poète.

… « Pour être un poète symboliste, il n’est pas nécessaire de faire proprement ce qu’on appelle des symboles ; il suffit d’exprimer les secrètes affinités des choses avec notre âme. Mais une poésie qui a ces affinités pour objet sera le plus souvent symbolique ; car, dès que nous les suivons avec quelque teneur, elles revêtent la forme du symbole. Qu’est-ce donc que le symbole ? Distinguons-le de la comparaison et de l’allégorie. Tandis que la comparaison considère deux termes en les maintenant éloignés l’un de l’autre, le symbole associe ces deux termes intimement, ou, pour mieux dire, les confond. Quant à l’allégorie, elle se rapproche beaucoup moins du symbole que de la comparaison même. A une idée déjà conçue par l’esprit en