Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/44

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loyales à la Revue des Deux-Monde et M. Georges Pellissier, en divers recueils avaient éclairci le nécessaire.. Mais M. Brunetière, le 31 mai 1893, dans une leçon spéciale à la Sorbonne, sur le symbolisme, avait eu beau dire :

« … Ne voyons-nous pas poindre la signification de ce mot de symbole » dont on se moquait si fort, avec moins d’esprit que d’envie d’en avoir, il y a huit ou dix ans, dans un certain monde et dans certains journaux ? Les journaux et le monde, je ne vous l’apprends point, sont admirables pour parler de ce qu’ils ignorent ; et l’ironie n’est trop souvent qu’une forme de l’inintelligence. » (L’Evolution de la poésie lyrique, t. II, p. 248).

On n’en vient pas moins de goûter contre le symbolisme, douze ans après ces paroles, toutes les « formes de l’inintelligence », et quelles formes !

Reprenons donc les clichés les moins épais :

Cliché I. —Les symbolistes n’ont rien inventé ; ils n’ont inventé que… la poésie. N’est-ce pas beaucoup ? L’humanité a-t-elle attendu leurs prétentions pour la connaître ? Qu’ils affectionnent une certaine manière de présenter des images, on le leur concède. Encore est-elle de tous les temps I et M. Jules Lemaître, à propos d’un vers de Maynard, croyonsnous, l’a joliment déduit.

Réponse. — Le début d’une invention est presque toujours une réinveniion. Nous ne demandons pas mieux que de nous rattacher au passé avec lequel on a voulu, d’autre part, que nous rompions non sans brusquerie… (Ne faudrait-il choisir ?) Eh oui ! le symbolisme a des racines profondes dans tout ce que la poésie de tous les siècles a conçu de poésie vraie. Il se