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rattache très bien, par exemple, à cette strophe de Tristan l’Hermite dans Le Promenoir des deux amants :

L’ombre de cette fleur vermeille

Et celle de ces joncs pendans

Paroissent estre là-dedans

Les songes de l’eau qui sommeille.

Mais peut-on nier combien est rare cette infinitude dans l’accent de la lyrique française ! Le symbolisme a fait une grande lumière de quelques éclairs, chez les meilleurs poètes, perdus dans la nuit. Il y parvint : i°par le dégagement de tout ce qui n’est pas la poésie ; 2° par une véritable construction lyrique.—Jusqu’à ces dernières années la poésie en France n’avait jamais été complètement elle-même ; elle ne se séparait guère de l’éloquence, de la philosophie, ou de l’histoire anecdotique. Une ode de Victor Hugo est encore un « discours » en trois points ; un poème de Musset un « plaidoyer » ; un autre de Leconte de Lisle, une « narration » précise, documentée. On s’est efforcé de donner à la poésie sa valeur d’art particulière, indépendante de toute autre forme d’expression. Là est la découverte certaine, absolue, du symbolisme.

ClichéII. — Ce n’est qu’une illusion assez grosse. Dès qu’il y a mouvement il y a « éloquence » ; pensée « philosophie » ; sentiment « anecdote ». — On ne peut éviter que toutes les expressions littéraires ne se touchent dans toutes les formes. Au surplus, cette illusion fut déjà celle des parnassiens, lors qu’ils préconisèrent contre le lyrisme oratoire des romantiques la notation concentrée, stricte et objective.

Réponse, — On sait de reste que cet en deçà des choses est