Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/51

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soulève, attaché comme un banc de coquilles obscures au fond des eaux ingénues de son âme.

Tel fut le miracle très mal aperçu du symbolisme :

— au point de vue imaginatif, de ne méconnaître aucun des gains de notre temps, mais de laisser une immense mobilité couler sur eux, transparente et changeante, et qui porte toujours plus loin l’espoir et le désir ;

— au point de vue communicatif, de ramener nos moyens d’art comme nous le verrons plus loin, au plus près possible de leur source physiologique, c’est-à-dire de leur puissance émotive.

Son Influence. — M. Georges Pellissier terminait par cette conclusion l’article cité plus haut :

« Le Symbolisme n’est sans doute qu’une phase, plus ou moins durable, dans l’histoire de notre poésie. A-t-il achevé son œuvre ? Nul ne saurait le dire. En tout cas, son influence aura été à bien des égards heureuse. D’abord il a rompu avec ce réalisme et ce « mécanisme » parnassiens qui auraient fini par retrancher de l’art toute idée et tout sentiment. C’est ce que montre assez cette rapide étude. Mais ensuite, il a affranchi la métrique de règles tout artificielles et, par là, donné au poète la liberté d’accorder sa prosodie aux mouvements de sa sensibilité propre. »

Non seulement cette influence « fut heureuse », mais, nous l’avons indiqué dans la première partie de cette étude, elle fut, elle reste considérable. Il suffit pour s’en rendre compte d’ouvrir n’importe quel livre de vers paru depuis quinze ans et de feuilleter non moins au hasard un volume