Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/56

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Mais ce n’est pas amoindrir notre gratitude que de déplorer la faiblesse de ses moyens d’action et de ne pouvoir comparer les rires de l’Œuvre avec les « rares vacarmes » officiels et répétés qui, à la Comédie-Française, travestirent Hernani en triomphe retentissant.

Toutefois nos contacts avec le « grand public », sous leurs diverses formes, furent beaucoup plus heureux qu’on ne se l’imagine d’habitude. Chaque fois que la presse ne s’interposa pas entre le public et nous, ils réussirent. Les poèmes les plus indépendants furent souvent les plus applaudis aux Samedis populaires de l’Odéon, et les chants alternés d’Henri de Régnier et de Francis Vielé-Griffin, pendant une année, en pleine feuille quotidienne, à l’Echo de Paris, eurent un autre succès que les rimes clownesques de Banville ou de M. Mendès qui les précédèrent.

Ces occasions ne furent pas fréquentes ; les journaux ni les revues n’abdiquaient leur hostilité, tandis que les romantiques n’eurent pas seulement tout de suite les théâtres, mais les grosses revues. Prenons celles d’aujourd’hui, la Revue des Deux-Mondes, Le Correspondant, la Revue de Paris, toutes les trois s’occupèrent des symbolistes et les traitèrent, dans leurs meilleurs jours, on sait comment. Jamais leurs lecteurs ne furent à même de juger un exemple des œuvres critiquées ! ils ne connurent jamais du symbolisme que des négations ! Ni par des articles théoriques, ni par des poèmes, il ne put se mettre librement sous leurs yeux. Rien ne fut accepté que les poésies dépouillées de tout caractère nouveau…

De deux choses l’une : ou nos œuvres ne valaient point qu’on s’en occupât, et alors pourquoi les critiquer ? ou elles