Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/92

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terreur folle, nous tournâmes les talons et nous descendîmes les degrés quatre à quatre, poursuivis par nos acolytes qui riaient aux éclats.

« Une troisième tentative fut plus heureuse ; nous avions demandé à nos compagnons quelques minutes pour nous remettre, et nous nous étions assis sur une des marches de l’escalier, car nos jambes flageolaient sous nous et refusaient de nous porter ; mais voici que la porte s’ouvrit et qu’au milieu d’un flot de lumière, tel que PhébusApollon franchissant les portes de l’aurore, apparut sur l’obscur palier qui ?Victor Hugo lui-même dans sa gloire.

« Comme Esther devant Assuérus nous faillîmes nous évanouir. » {Histoire du Romantisme. Nouv. éd. Charpentier, p. 9).

Quand nous apprîmes, un peu moins jeunes, à révérer de hautes gloires moins glorieuses, et quand nous trouvâmes plus près de nous une substance lyrique que n’avaient point épuisée Hugo ni ses vassaux, on sait de quelle tendresse sensible nous entourâmes nos maîtres immédiats, Mallarmé et Verlaine. Combien, avec plus ou moins de partage, suivant nos natures, notre sincérité fut fraîche et notre exaltation sans réserve 1 Pendant des années, au mépris de tout intérêt personnel qui a d’autres avantages, il semble, à recouronner les vainqueurs en place, nous forcâmes les barbares à décou vrir, puis à célébrer le génie de nos initiateurs. Eût-on jamais pu croire que des êtres se rencontreraient pour mettre en suspicion notre culte et notre foi ?

Pour ne pas le croire, il eût fallu que n’existât point un des compagnons mêmes de nos deux maîtres, M. Catulle Mendès.

Mais M. Catulle Mendès existait et à deux reprises les journaux transcrivirent des paroles nobles et dignes dont voici le premier échantillon :