Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/363

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8 juin.

Il y a trois jours que nous avons quitté la terre où j’avais passé mon heureuse enfance. Il m’a semblé que je me séparais de ma mère une seconde fois, et je lui ai dit de cœur un dernier adieu. Mon père ne m’a point laissé le temps d’attacher de nouveaux et pénibles regrets à un séjour que tant de souvenirs me rendent si cher. Il avait tellement hâté les préparatifs de notre départ, que je me suis vu, près de lui, dans sa voiture ; sans trop savoir comment il avait obtenu de moi une obéissance si prompte.

Mon père, qui avait retrouvé toute l’activité de sa jeunesse pour arranger notre voyage, n’a plus rien su faire pour lui-même, dès qu’il m’a eu en sa puissance. En chemin venait-on lui demander des ordres ? il répondait toujours : « Adressez-vous à mon fils. » — Lorsque ses gens lui ont proposé de s’arrêter, à l’heure ordinaire de ses repas, il m’a regardé sans leur parler. Enfin, il semblait attendre de moi tous les soins auxquels son âge et sa faiblesse étaient accoutumés.