Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/369

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nuit, me plongeaient dans une profonde rêverie. Mon ame s’y abandonnait tout entière, lorsque j’ai été rappelé à moi-même par les sons lointains d’une romance plaintive. Je me suis approché sans bruit de la cabane d’où venaient ces accent si tendres. Appuyé contre un arbre, je n’osais faire un mouvement. Ne connaissant rien de ce qui m’environnait, n’entendant que cette voix céleste, qui se perdait dans les airs, je sentais un charme que je ne puis définir ; et j’oubliais le reste du monde et moi-même.

Je ne saurais exprimer ce que j’ai éprouvé quand cette voix s’est interrompue, et qu’à l’instant plusieurs personnes ont loué vivement celle qui venait de chanter. Alors tout m’a paru changé autour de moi ; mon illusion a cessé : ces applaudissemens m’ont fait mal. Je ne sais si celle à qui j’avais dû ces impressions inattendues m’avait inspiré trop d’intérêt ; mais j’ai pris de l’humeur contre elle ; je me la représentais flattée de briller : c’est à force d’art, me disais-je, qu’elle a trouvé ces notes sensibles, qu’elle a surpris mon cœur sans défense. Je m’éloignais à