Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/374

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voix secrète m’a crié : Insensé ! tu serais bien heureux de ne pas la voir aujourd’hui ; au moins tu la chercherais demain, avec l’espérance de la trouver telle que tu la désires… Si cette femme était laide ? Laide ! non, non : pas même une figure ordinaire. — Aussitôt je me l’imaginais parée de tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté, mais avec l’art d’une coquette. Comment, moi, qui croyais n’avoir jamais remarqué la parure d’aucune femme, avais-je ainsi présentes toutes les exagérations de la mode ? — Mon père me parlait ; je l’entendais à peine : ses regards surpris ont augmenté mon embarras : Heureusement nous arrivions ; et il n’a pas eu le temps de me faire des questions auxquelles j’aurais été bien embarrassé de répondre.

Lord Seymour est venu au-devant de nous. Après les complimens d’usage, il nous a conduits dans le salon, et m’a présenté à sa famille. — Je ne saurais peindre l’inquiétude secrète qui me faisait tenir les yeux baissés, dans la crainte de ne pas trouver celle que mon cœur cherchait. Dès que j’ai osé regarder les filles de lord Seymour, il ne m’est plus resté d’incertitude.