Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/376

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je vous aime pour cette réserve, ce silence, qui semblent promettre à un seul la connaissance de votre cœur. Marie, j’ignore si vous êtes riche, et je suis sûre que vous êtes bienfaisante. Si le pauvre ne prononce pas votre nom dans ses peines, mon cœur reviendra d’un long rêve.

Lord Seymour était étendu dans un grand fauteuil, à gauche de la cheminée : deux gros chiens dormaient à ses pieds ; il les réveillait ou par des caresses, ou par des injures, car il s’en occupait sans cesse. Miss Sara, sa fille aînée, a paru en habit de cheval. Elle a pris le parti d’être sémillante et gaie ; aussi rit-elle toujours sans raison, comme elle s’agite sans motif. Je lui ai été présenté. Elle a voulu savoir si j’aimais les chiens, les chevaux, et m’a compté parmi ses compagnons de chasse, sans daigner s’informer si je pouvais la suivre. Marie ne prenait aucune part à ces arrangemens. J’ai osé lui demander, mais mon cœur ne doutait point de sa réponse, si elle partageait ces plaisirs ? Sara ne lui a pas laissé le temps de s’exprimer, et m’a dit d’un air moqueur : « Marie reste toujours à l’ombre de la maison. » — « Oui, a repris