Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être une prière de satisfaire ma curiosité ; car elle s’avance, me fait place ; je la suis, et me voilà dans cette solitude, préférable au grand château de lord Seymour.

Pendant que j’ai l’air de regarder les meubles, les gravures, mes yeux ne quittent pas Marie. Elle arrange ses fleurs — pare sa table à thé — y place une tasse ; c’est pour sa mère — une seconde ; c’est pour elle — mais Marie en prend une troisième. Je me dis, c’est pour moi ; et je détourne mon visage, de peur qu’elle n’aperçoive tout le plaisir que j’éprouve. — Hélas ! il fut bientôt détruit ; — après avoir bien tourné, regardé cette troisième tasse, Marie la replaça sur la cheminée ; mais par une délicatesse dont elle seule est capable, que je puis seul deviner, elle ôta également la tasse qu’elle se destinait. Tout cela se faisait sans me parler, sans me regarder ; et ce silence, cet embarras n’étaient pas perdus pour mon cœur.

Lady Seymour parut ; Marie en témoigna une joie qui semblait me dire : « À présent seulement je puis avoir du plaisir à vous voir. » — Sans attendre que sa mère m’eût invité à déjeuner, elle remit sur la table les