Page:Spencer - La Science sociale.djvu/23

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somme de ses lectures. L’une et l’autre proposition sont pourtant absolument fausses. Il y a longtemps que Hobbes l’a découvert pour le lecteur, et nos professeurs sont en train de le découvrir pour l’écolier.

Ne paraît-il pas évident que, dans les cas d’aliénation mentale, le seul remède est de suppléer par une contrainte extérieure énergique au contrôle intérieur devenu trop faible ? Le système de la liberté réussit cependant beaucoup mieux que celui de la camisole de force. Le Dr Batty Tuke, médecin aliéniste fort habile, affirme que l’instinct d’évasion est très-prononcé quand on a recours aux clefs et aux serrures, mais qu’il disparaît presque complètement dès qu’on les supprime : le système des portes ouvertes a réussi dans 95 cas sur cent (Journal of Mental Science, janvier 1872). Une autre autorité en pareille matière, le docteur Maudsley, nous fournit une nouvelle preuve du mal que font souvent les mesures soi-disant curatives, dans le passage où il parle des fous rendus « fous par l’hospice. »

Ne tombe-t-il pas aussi sous le sens, que la répression du crime sera d’autant plus efficace que la peine sera plus sévère ? La grande réforme du code pénal anglais, commencée sans les auspices de Romilly, n’a pourtant pas été suivie d’une recrudescence de crimes. C’est le contraire qui s’est produit. Les témoignages des hommes les plus compétents, Maconochie dans l’île de Norfolk, Dickson dans l’Australie occidentale, Obermier en Allemagne, Montesinos en Espagne, s’accordent tous sur ce point — plus la pénalité infligée au criminel se réduit aux contraintes nécessitées par la sûreté sociale, plus le progrès est grand : il dépasse réellement toute attente.

Aux yeux des maîtres de pension français, on ne peut obtenir une bonne conduite des écoliers que par une discipline rigoureuse aidée d’un système d’espionnage ; lorsqu’ils viennent en Angleterre, ils sont stupéfaits de voir que les écoliers à qui on laisse une certaine liberté se conduisent infiniment mieux que les autres. Je dirai plus : ainsi que l’a démontré le principal Arnold, la conduite de nos écoliers s’améliore en proportion de la confiance qu’on leur témoigne. La nature humaine constituée en corps présente les mêmes anomalie. Il est généralement admis que les entraves de la