Page:Spencer - La Science sociale.djvu/79

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villes, et il est presque impossible maintenant de le remplacer par un meilleur. Aujourd’hui la décomposition des matières organiques s’opère hors de la présence de l’oxygène, et par suite donne naissance à des composés chimiques instables et délétères ; ce système est dans bien des cas la cause directe des maux qu’il avait pour but de prévenir ; en effet les produits morbides sont conduits dans un tuyau qui communique avec toutes les maisons, et qui y fait pénétrer les gaz infects toutes les fois que les fermetures ne sont pas tout à fait en bon état. Pourtant il ne peut plus guère être question aujourd’hui d’adopter les méthodes qui permettent de se débarrasser des excreta des villes d’une manière à la fois profitable et dépourvue de danger. Voici qui est encore plus fort. Une partie des administrateurs chargés de l’hygiène publique ont fait adopter un système d’égouts grâce auquel Oxford, Reading, Maidenhead, Windsor, etc., corrompent l’eau qui se boit à Londres. Les autres administrateurs protestent contre l’impureté de l’eau, qui est une cause constante de maladies, sans remarquer toutefois que cette impureté est due à des mesures ayant force de loi. Pour que nous ayons de bon air et de bonne eau, il faudra procéder à une organisation nouvelle, que l’organisation actuelle, imparfaite et prématurée, entravera considérablement.

Les usages commerciaux abondent en exemples du même genre. Chaque branche de commerce a ses usages auxquels il est extrêmement difficile de toucher. La routine s’oppose aux améliorations qui semblent le plus clairement indiquées. Voyez ce qui se passe pour la librairie. Du temps où une lettre coûtait un shelling et où la poste ne se chargeait pas des livres, il s’est établi un système de libraires en gros et en détail qui servaient d’intermédiaires entre l’éditeur et le lecteur. Chacun de ces intermédiaires prélevait un bénéfice. Maintenant qu’il en coûte un sou pour demander un livre et quelques sous pour le recevoir, il semblerait naturel de créer un nouveau système dont le résultat serait d’abaisser les frais de transport et le prix du volume. Les revendeurs s’y opposent dans leur intérêt personnel. Si un éditeur annonce qu’il enverra directement tel ou tel ouvrage par la poste, à prix réduit, les libraires s’en plaignent comme d’un