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DE LA NATURE ET DE L’ORIGINE DE L’ÂME

idée, en tant qu’elle est idée, enveloppe une affirmation ou une négation. Pour ceux qui confondent les mots avec l’idée ou avec l’affirmation elle-même qu’enveloppe l’idée, ils croient qu’ils peuvent vouloir contrairement à leur sentiment quand, en paroles seulement, ils affirment ou nient quelque chose contrairement à leur sentiment. Il sera facile cependant de rejeter ces préjugés, pourvu qu’on prenne garde à la nature de la Pensée, laquelle n’enveloppe en aucune façon le concept de l’Étendue, et que l’on connaisse ainsi clairement que l’idée (puisqu’elle est un mode de penser) ne consiste ni dans l’image de quelque chose ni dans des mots. L’essence des mots, en effet, et des images est constituée par les seuls mouvements corporels qui n’enveloppent en aucune façon le concept de la pensée.

Ces brefs avertissements à ce sujet suffiront ; je passe donc aux objections sus-visées, La première est qu’on croit établi que la volonté s’étend plus loin que l’entendement et est ainsi différente de lui. Quant à la raison pour quoi l’on pense que la volonté s’étend plus loin que l’entendement, c’est qu’on dit savoir d’expé-