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DE L’ORIGINE ET DE LA NATURE DES AFFECTIONS

écarter comme des obstacles ou des causes de Crainte. En outre, il suit de la Proposition 25 que nous sommes disposés de nature à croire facilement ce que nous espérons, difficilement ce dont nous avons peur, et à en faire respectivement trop ou trop peu de cas. De là sont nées les superstitions par lesquelles les hommes sont partout dominés. Je ne pense pas d’ailleurs qu’il vaille la peine de montrer ici les fluctuations qui naissent de l’Espoir et de la Crainte ; puisqu’il suit de la seule définition de ces affections qu’il n’y a pas d’espoir sans Crainte ni de Crainte sans Espoir (comme nous l’expliquerons plus amplement en son lieu), et puisque, en outre, en tant que nous espérons ou craignons quelque chose, nous l’aimons ou l’avons en haine ; et ainsi tout ce que nous avons dit de l’Amour et de la Haine, chacun pourra aisément l’appliquer à l’Espoir et à la Crainte.

PROPOSITION LI

Des hommes divers peuvent être affectés de diverses manières par un seul et même objet, et un seul et même