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DE L’ORIGINE ET DE LA NATURE DES AFFECTIONS

boisson ou de coït, l’Avarice cependant, l’Ambition et la Peur ne sont pas opposées à la gourmandise, à l’ivrognerie ou à la lubricité. Car l’avare souhaite la plupart du temps de se gorger de nourriture et de boisson aux dépens d’autrui. L’ambitieux, pourvu qu’il ait l’espoir de n’être pas découvert, ne se modérera en rien et, s’il vit parmi des ivrognes et des lubriques, il sera, par son ambition même, plus enclin aux mêmes vices. Le peureux enfin fait ce qu’il ne veut pas. Encore bien qu’il jette à la mer ses richesses pour éviter la mort, il demeure avare ; et si le lubrique est triste de ne pouvoir se satisfaire, il ne cesse pas pour cela d’être lubrique. Et d’une manière générale ces affections ne concernent pas tant les actes mêmes de manger, boire, etc., que le Désir et l’Amour de ces actes. On ne peut donc rien opposer à ces affections, sinon la Générosité et la Fermeté d’âme dont nous parlerons plus tard.

Je passe sous silence les définitions de la Jalousie et des autres fluctuations de l’Âme, tant parce qu’elles naissent d’une combinaison des affections déjà définies que parce que la plupart n’ont pas de noms ; ce qui montre qu’il suffit pour l’usage de la Vie de les con-