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notes

exprime la vertu de l’âme). En s’élevant à la vie civile, on se prépare à la vie spirituelle qui est la véritable vie humaine, et on la rend possible ; loin de restreindre une liberté qui n’existe pas encore, on commence donc à s’affranchir en supprimant certains motifs de crainte et on satisfait le besoin naturel que l’homme a de l’homme (voir la note relative à la Proposition 35). L’État sans doute est inséparable de la contrainte, il le faut bien, puisque les hommes ne sont pas ou ne sont que très imparfaitement raisonnables, il n’en a pas moins pour fin la liberté (cf. Traité théologico-politique, chap. xx ; sur le droit naturel, voir le Traité Politique, chap. ii).

b) Le péché n’est que la désobéissance, d’où l’on peut conclure immédiatement qu’il ne saurait y avoir de péché originel ni de péché envers Dieu ; — les lois divines ne peuvent être transgressées (cf. Court Traité, II, chap. xxiv ; Traité théologico-politique, chap. iv, etc.). Sur le sens attribué par Spinoza au récit du soi-disant péché d’Adam, voir plus loin la note relative à la Proposition 68, Scolie.


Propositions XXXVIII à LVIII. — Dans cette section Spinoza examine, comme il le fait dans le Court Traité, II, ce qu’il peut y avoir de mauvais ou, au contraire, de bon dans les principales affections de l’âme se ramenant à la Joie et à la Tristesse. Les trois premières propositions posent les règles générales à observer à cet égard. Est bon ce qui entretient ou augmente notre puissance d’agir, sert au maintien ou au développement de la vie sociale. Les suivantes sont des applications de ces règles.


Proposition XXXIX, Scolie. — On peut concevoir que deux consciences (et par conséquent deux personnalités) étrangères l’une à l’autre se trouvent jointes successivement à un corps qui vu du dehors paraîtrait le même ; la logique du système oblige à croire toutefois que la forme de ce corps a changé.


Proposition XLIV, Démonstration. — Nulle difficulté quant au sens ; le chatouillement (le plaisir, voir la note relative au Scolie de la Proposition 11 de la Partie III) peut être excessif (Proposition 43) ; or, quand l’idée d’une cause extérieure s’y joint, le chatouillement est un amour (car il est une joie d’après le Scolie de la Proposition 11, partie III, et toute joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure est un amour) ; donc un amour peut être excessif ; c’est un syllogisme en datisi. La forme du raisonnement n’est pas tout à fait régulière, et W. Meijer veut y remédier en remplaçant igitur par autem. Comme ce-