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éthique

choses en vue de l’homme et que l’homme a corrompu la nature par sa faute, cela signifie que l’explication de la mort, de la souffrance et de tout ce qu’on nomme le mal, doit être cherchée dans la dépendance de l’homme à l’égard d’une nature encore inintelligible pour lui ; cette dépendance se manifeste en particulier par l’inhumanité, la bestialité de ses affections et de sa conduite, pour triompher du mal, il faut d’abord vivre en homme, non en bête, obéir à la loi, puis s’élever à la charité et enfin à la connaissance vraie.

L’obéissance aux lois qu’enseignent les patriarches, la foi et la charité chrétiennes, la science et la philosophie sont les grandes étapes de l’affranchissement, dans lequel il ne faut pas voir une restauration de l’humanité primitive, mais une instauration progressive de l’humanité considérée dans son essence éternelle. Spinoza, on le voit, se rapproche ici d’Auguste Comte.


Proposition LXX et Scolie. — La vie de Spinoza fournirait plus d’un trait propre à illustrer l’excellente règle de conduite posée dans la proposition et adoucie comme il convient dans le Scolie.


Proposition LXXI, Scolie. — On pense naturellement à La Rochefoucauld en lisant le commencement de ce Scolie ; le joli mot d’aucupium est un nouvel exemple d’emprunt aux comiques latins.


Proposition LXXII, Scolie. — a) La correction au texte proposée par W. Meijer (p. 562) me semble pouvoir être admise, car elle donne à la phrase plus d’aisance : et ainsi la Raison commande aux hommes de ne pas faire d’accord, de ne pas unir leurs forces, de ne pas avoir de droits communs, sinon pour se tromper les uns les autres, etc.

b) On observera qu’en dépit de la diversité de leurs principes Spinoza et Kant sont d’accord pour n’admettre aucune exception à la règle universelle qui interdit le mensonge.


appendice

Chapitre V. — J’accepterais volontiers la substitution de vera à rationalis (p. 568) : la vie vraie consiste à concevoir les choses adéquatement, à les connaître d’une connaissance du troisième genre ; une vie pourrait être conforme à la raison sans avoir ce caractère ; elle ne serait pas pleinement libre en ce cas.