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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

tend dire par son médecin que tel remède est bon pour son mal, se porte aussitôt vers ce remède et le désire. Le désir naît aussi de l’expérience, comme cela se voit encore dans la pratique des médecins, qui, ayant éprouvé un certain nombre de fois la bonté d’un certain remède, s’y attachent comme s’il était infaillible.

Il est clair que ce que nous venons de dire de ces passions peut s’appliquer également à toutes les autres ; et, comme nous allons chercher dans les chapitres suivants quelles sont celles de nos passions qui sont raisonnables et celles qui ne le sont pas, nous n’en dirons pas plus de celles qui naissent de l’opinion.




CHAPITRE IV


DES EFFETS DE LA CROYANCE, ET DU BIEN ET DU MAL DE L’HOMME.


Après avoir montré dans le chapitre précédent comment les passions naissent des erreurs de l’opinion, nous avons à considérer maintenant les effets des deux autres modes de connaissance, et d’abord de celui que nous avons nommé la vraie foi[1]. Ce mode

  1. La foi est une conviction puissante fondée sur des raisons, en vertu de laquelle je suis persuadé dans mon entendement que la chose est en vérité et en dehors de mon esprit, semblablement à ce qu’elle est dans mon esprit. Je dis une conviction puissante fondée sur des motifs, pour