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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

dans la chose pensante dépendent de son amour pour Dieu et de son union avec lui ; et, comme c’est le contraire de cette union que l’on suppose dans les démons, il ne se peut faire qu’ils existent.

Enfin, il n’y a nulle nécessité à supposer l’existence des démons, puisque l’on peut découvrir les causes de la haine, de l’envie, de la colère et de toutes les passions, comme nous l’avons fait. Nous n’avons donc pas besoin de cette fiction.




CHAPITRE XXVI


DE LA VRAIE LIBERTÉ.


Dans le chapitre précédent, nous n’avons pas seulement voulu montrer qu’il n’y a pas de démons, mais encore que les vraies causes (c’est-à-dire nos péchés) qui nous empêchent d’arriver à notre perfection sont aussi en nous-mêmes. Nous avons démontré antérieurement comment la quatrième espèce de connaissance nous conduit au bonheur et détruit nos passions ; non pas, comme on a coutume de le dire, que la passion doive être précédemment supprimée avant de pouvoir parvenir à la connaissance et à l’amour de Dieu, comme si l’on disait que l’ignorant doit commencer par renoncer à son ignorance, avant de pouvoir parvenir à la science. Mais, puisque la seule connaissance est la vraie cause de leur destruction, comme nous l’avons assez fait voir, il résulte de là clairement que sans la vertu, c’est-à-dire sans une bonne direction de l’entendement, tout est perdu ; nous ne pouvons vivre