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APPENDICE

Si nous voulons aller plus loin, et attribuer à l’essence de l’âme ce par quoi elle peut être réellement, on ne trouvera rien autre chose que l’attribut de pensée et l’objet ; or, ni l’un ni l’autre n’appartiennent à l’essence de l’âme ; car, d’une part, l’objet n’a rien de commun avec la pensée et se distingue réellement de l’âme ; de l’autre, quant à l’attribut (c’est-à-dire la pensée), nous avons déjà démontré qu’il ne peut appartenir à l’essence de l’esprit, ce qui du reste deviendra plus évident encore après ce que nous venons de dire ; car l’attribut, comme attribut, n’est pas uni à son objet, puisqu’il ne peut ni changer ni être détruit, quand même l’objet serait changé et détruit[1].

L’essence de l’âme consiste donc seulement en ceci, qu’elle est une idée ou essence objective dans l’attribut de la pensée, tirant son origine de l’essence de l’objet qui existe réellement dans la nature. Je dis : de l’objet qui existe réellement, et sans aucune autre particularité, pour faire entendre que je ne parle pas seulement d’un mode de l’étendue, mais d’un mode quelconque de tous autres attributs infinis, qui, comme l’étendue, ont une âme. Pour mieux comprendre cette définition, il faut se rappeler ce que j’ai dit plus haut, en parlant des attributs, à savoir : 1o  qu’ils ne se distinguent pas quant à leur existence (car ils sont eux-mêmes les sujets de leur essence[2]) ; 2o  que l’essence de toutes les modifications est contenue dans ces attributs ; et 3o  enfin que ces attri-

  1. Tout cela est assez obscur et mal rédigé, Spinoza veut dire que l’âme est l’idée d’un objet : elle se rattache donc d’une part à l’attribut de la pensée, de l’autre à l’objet ; mais ni cet attribut, ni cet objet ne sont son essence. (P. J.)
  2. Manque dans le manuscrit B ; cela signifie qu’ils existent par eux-mêmes, les attributs n’étant pas distingués de la substance. (P. J.)