Page:Spoelberch de Lovenjoul - Les Lundis d’un chercheur, 1894, 2e éd.djvu/104

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PROJETS LITTÉRAIRES DE TH. GAUTIER. 97 Des confidences nous mettent à même de combler en prose, et quelle prose cette lacune. Agnès devait montrer à Arnolphe que le cœur de la jeune fille ne s’échauffe que pour les images lointaines, qui ne se reflètent pas tous les jours dans le lac le plus souvent uni- forme de la vie en commun. Georges est adoré comme un frère, mais voilà tout. D Le tuteur de trente ans prend alors un parti héroïque il quitte sa pupille, va courir les aventures fertiles en dangers, devient, sous un nom d’emprunt, un Jules Gérard, un Bom- bonel, remplit les journaux du récit de ses prouesses courageuses, a bien soin que l’écho en arrive aux oreilles de Lavinia, persuadé que la vierge romanesque aura quelque penchant instinctif, quelque caprice fantasque pour ce héros séduisant, et finit ainsi par attirer dans ses filets, grâce au chatoiement de l’inconnu, cette alouette un peu légère, dont l’imagination voletait au dehors du nid paisible et sûr. Tel est le canevas ; la broderie ne peut plus être faite par l’artiste délicat dont la main est glacée. » Delaunay, le ravissant sociétaire de la Comédie-Française, auiavait appris par cœur