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mença à lire ; sa mère l’écoutait, debout à côté de lui.

— Qui l’aurait jamais cru ! répétait-elle avec admiration à la fin de chaque strophe.

La grand’mère aussi écoutait avec la plus grande attention un verset après l’autre, mais elle ne disait rien.

Le jour qui suivit ce grand événement, il se trouva que la classe de Pierre avait une leçon de lecture. Lorsque vint son tour, le maître dit :

— Pierre, faut-il une fois de plus te passer, comme d’habitude, ou bien veux-tu essayer encore, — je ne dis pas de lire, mais de bégayer une ligne ?

Pierre commença et lut trois lignes de suite sans s’arrêter. Le maître posa son livre. Muet d’étonnement, il regardait Pierre comme s’il n’avait jamais rien vu de pareil.

— Pierre, il s’est passé un miracle ! dit-il enfin. Tant que je me suis évertué après toi avec une patience inimaginable, tu n’étais pas même en état d’épeler sans faute. Et maintenant que j’ai dû, non sans regret, renoncer à obtenir quelque résultat, voilà que tu m’arrives en sachant non seulement épeler,