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le fauteuil quelques jours auparavant, sauf qu’heureusement pour lui, Pierre ne se brisa pas en mille morceaux ; la dépêche seule fut fort maltraitée et vola en lambeaux.

— Singulière timidité des montagnards ! se dit Mr Sesemann, s’imaginant tout de suite que la seule apparition d’un étranger avait produit une si forte impression sur le simple enfant des Alpes. Puis après avoir quelque temps encore suivi des yeux la violente descente de Pierre, Mr Sesemann se remit en route.

Malgré tous ses efforts, Pierre ne parvint pas à trouver un point d’appui pour reprendre son équilibre, et il continua de rouler en faisant de temps en temps une culbute plus prononcée que les autres. Mais ce n’était pas le côté le plus terrible de sa situation ; quelque chose de bien pire le remplissait de crainte et d’horreur : ne venait-il pas de voir de ses propres yeux l’agent de police de Francfort ? car il n’avait pas mis un instant en doute que l’étranger qui s’était informé des gens de Francfort en séjour chez le Vieux ne fût ce personnage redoutable lui-même. Enfin, au moment où il allait franchir