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pièces et qu’on ne peut plus le raccommoder, articula-t-il avec peine, tandis que ses genoux tremblaient au point qu’il ne pouvait presque plus se soutenir.

La grand’maman s’avança alors vers l’angle du chalet.

— Mon cher grand-père, ce pauvre garçon a donc décidément le cerveau un peu dérangé ? demanda-t-elle pleine de compassion.

— Pas du tout, répondit le Vieux de l’alpe ; seulement ce garnement n’est autre que le coup de vent qui a chassé le fauteuil, et il s’attend à recevoir la punition qu’il a bien méritée.

Mme Sesemann ne voulait pas le croire ; elle ne lui trouvait pas l’air méchant et ne comprenait pas quelle raison il aurait pu avoir pour détruire le fauteuil si indispensable à Clara. Mais l’aveu inarticulé du chevrier n’avait été pour le Vieux que la confirmation d’un soupçon qu’il avait eu dès le premier moment après l’accident du fauteuil. Les regards courroucés que Pierre avait toujours jetés à Clara et d’autres preuves de son animosité envers les hôtes de l’alpe n’avaient point échappé au Vieux. En rapprochant les faits, il en était venu à la con-