Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mme DE KERNADEC.

Mais cependant si elle l’aime ?

LE CAPITAINE.

Si elle l’aime ! qu’est-ce que vous entendez par là ? il n’est pas décent à une demoiselle d’aimer. Je voudrois bien voir que ma fille s’avisât d’aimer quelqu’un !

Mme DE KERNADEC.

Mais vous, mon époux, ne vous ai-je pas aimé ?

LE CAPITAINE.

C’étoit tout simple, madame de Kernadec ; d’abord vous étiez plus âgée de quatre ans que votre fille.

Mme DE KERNADEC.

Plus âgée, monsieur ; dites donc moins jeune ; il y a des mots que je ne puis souffrir d’entendre prononcer.

LE CAPITAINE.

Ah ! parbleu, j’en dirai bien d’autres. Eh bien donc ! quand vous m’avez aimé, oubliez-vous que j’avois déjà reçu trois blessure ? cela explique tout. Mais une fille modeste peut-elle aimer une face blanche et rose comme ce Derval ? je vous le demande.