Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/242

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roi a fait telle nomination ; je me croirai où étoient mes ancêtres, et cela me rajeunira de cent ans.

SOPHIE.

Se rajeunir de cent ans, mon père, c’est comme si l’on n’avoit pas existé. À quelles chimères, hélas ! vous sacrifiez votre bonheur !

M. DE LA MORLIÈRE.

M. d’Erville sera ici dans un moment ; reste un peu avec nous, pour que je te fasse sentir…

SOPHIE.

Mais, mon père, vous ne savez pas une chose, c’est que je déplais beaucoup à M. d’Erville.

M. DE LA MORLIÈRE.

Comment peux-tu dire cela, ma fille ? toi que j’ai élevée à la françoise, et fait instruire à l’allemande ? M. d’Erville aime tant l’esprit !

SOPHIE.

Oui, le sien ; mais pas celui des autres, ni surtout celui de la femme qu’il épouseroit.

M. DE LA MORLIÈRE.

Cependant tu sais qu’en France toutes les femmes sont aimables et piquantes.