Et tu ne me le disois pas !
Ma mère, je voulois que toute l’eau fût pour toi.
Cher enfant ! tiens. (Elle lui donne à boire.)
Ah ! je te remercie. Je suis bien mieux ; partons. — Si je pouvois te distraire en route par ces contes que je te faisois le soir chez mon père, et qui te plaisoient tant ! Une fois, je m’en souviens, je te racontois comment une brebis, la brebis d’Abel, cherchoit partout son maître, qui avoit disparu ; elle ne savoit plus où trouver sa nourriture ; l’eau… (Il soupire.) l’eau lui manquoit aussi. Ma mère, alors j’étois si enfant, que l’histoire de cette pauvre brebis ne me faisoit pas beaucoup de peine ; mais à présent, je sais ce que c’est que souffrir ; je pleure de tout : la voix me manque.
Mon enfant, le temps de nos plaisirs est passé. Tâchons seulement de continuer notre route.