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AGAR

Ismaël.

Ma mère, il était de ton âge. Comment donc a-t-il pu mourir ?

Agar.

Mon fils, on peut succomber à tous les pas du voyage.

Ismaël.

Ainsi donc, si comme à cet infortuné la nourriture nous manquoit, toi… moi….

Agar.

Oui, mon fils.

Ismaël.

Et tu pleures, tu crois donc… Ma mère, si je dois mourir, embrasse-moi, et laisse-moi dormir sur ton sein.

Agar.

Cher enfant, tu ne peux donc plus marcher ?

Ismaël.

Je ne le puis si je n’ai dormi quelques heures ; mes paupières s’apesantissent. À mon réveil, tu me donneras encore de cette eau : nous la partagerons ensemble.

Agar.

Quel sommeil, quelle pâleur ! Ô mon Dieu ! ne souffrez pas que son charmant visage soit