Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/326

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ALCÉE.

Te souviens-tu de ce chant sublime dans lequel tu accusois une jeune Lesbienne de négliger ses talens, et de traverser obscurément la vie ?

SAPHO.

Oui, je m’en souviens. Jeune Lesbienne, lui disois-je, veux-tu descendre sans gloire dans le tombeau ? veux-tu que ton nom soit de la poussière comme tes cendres, et ne cueilleras-tu point les poses de la vallée des Muses ? peux-tu dédaigner leur céleste parfum ?

ALCÉE.

Comme tes regards s’animent ! Sapho, je te retrouve. Courage, ma noble amie, courage ; ressaisis ta lyre, et triomphe de toi-même aussi-bien que de nous.

SAPHO.

Eh bien ! je vais suivre tes conseils ; je vais rassembler mes cheveux épars ; je vais revêtir la tunique de pourpre, cette couleur éclatante qui plaît au soleil, et réfléchit ses rayons les plus resplendissans. Prépare la couronne, Alcée ; prépare-la, je la saisirai ; je sens là, dans mon cœur, un présage de gloire : Apollon ne l’a jamais vainement inspiré. Réunis sur