Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/336

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lui a-t-il pas donné des siècles sans nombre, en échange de quelques années ? Ô célébrité du génie ! qui pourrait te dédaigner ? quelle harmonie que celle des louanges des mortels ! quel monument que leur souvenir ! est-il une terre féconde, est-il un ciel serein qui vaillent la joie qu’excite dans le cœur cette imagination sublime dont la voix retentit en nous comme celle du destin ! »

ALCÉE.

Sapho, regarde les transports que tes chants ont fait naître ! Sapho, reçois la couronne, et fléchis les genoux devant le Dieu qui te l’offre par ma main.

(Il place une couronne de laurier sur la tête de Sapho.)
DIOTIME.

Ah ! que de tristesse dans les regards de Sapho ! comme elle est étrangère à la gloire dont elle jouit !

CLÉONE.

Ses regards sont tournés vers la mer : qu’y voit-elle ? Ô ciel ! Phaon approcheroit-il de ces bords ?

ALCÉE.

Sapho, reprends ta lyre, et, selon l’antique usage, remercie les dieux du nouveau bienfait qu’ils viennent de t’accorder.