Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/376

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vous, jeunes époux, écoutez-moi. Songez que, dans les fêtes, les dieux ordonnent une libation aux divinités souterraines ; c’est moi dont les chants accompagneront cet acte solennel. (Elle s’approche sur le devant du théâtre.) Phaon, Phaon, adieu.

PHAON.

Sapho, ne crois point que nous soyons séparés ; ton génie m’enchaînera sur tes traces.

SAPHO.

Phaon, adieu. — Je marche au temple : Alcée, Diotime, Cléone, vous allez me suivre ; mais tenez-vous quelques instans au pied du rocher, avant de m’y rejoindre. Le dieu qui m’inspire veut que je sois seule en présence de ses rayons.

Ô Diane ! sœur d’Apollon, c’est toi qui règnes maintenant dans le ciel : divinité de la nuit, ta clarté répand quelque douceur sur les ténèbres ; de même le vague espoir d’un autre avenir luit dans notre âme au moment de quitter la vie. Diane ! tes traits d’argent sont aussi ceux de la mort : ils se réfléchissent dans l’onde, et tu traces une route brillante jusqu’au fond de la mer. C’est ainsi que l’amour, l’amour généreux éclaire jusqu’à l’abîme où la douleur va