Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
LA SUNAMITE.

saintes promesses que je te rappelle en vain ?

LA SUNAMITE.

Le prophète a gardé le silence sur ces promesses.

LA SŒUR.

Ne crois pas qu’il les ignore. Ma sœur, s’il se tait, c’est qu’il te livre à ta conscience.

LA SUNAMITE.

Si j’ai trop aimé Semida pour accomplir un vœu cruel, Élisée pardonnera cette foiblesse au cœur d’une mère.

LA SŒUR.

Peux-tu donc t’aveugler sur la sévérité des prophètes ? Élisée n’est-il pas le disciple d’Élie, qui remplissoit tout Israël de terreur ?

LA SUNAMITE.

Tout Israël dira que ma fille est la plus charmante des filles d’Abraham. L’enfance jette encore un voile sur les traits et sur les regards de Semida ; mais qui jamais égalera sa beauté, quand sa taille s’élancera comme le palmier, et que la fraîcheur du matin colorera ses joues ? Non, je ne cacherai pas ma colombe dans les déserts. Que les palais soient sa demeure ; que l’or et les fleurs lui servent de pa-